Habituellement, je suis un peu méfiant à l’égard des méthodes de développement personnel, a fortiori si elles portent un nom anglais, si elles promettent des changements miracles dans votre vie (retour de la confiance en soi, décuplement de l’énergie, nouvelle vision du monde…) et plus encore lorsqu’elles sont fondées sur la parole sacrosainte d’un gourou médiatique ; c’est dire que pas grand-chose portait à croire que je parlerais un jour de personal branding !
Mais voilà… en fait, je me suis aperçu que je pratiquais cette méthode, sans le savoir, et que finalement, c’est un peu ce que je plaidais dans les formations que j’anime ça et là sur le thème de la e-réputation.
Si j’en crois les sites qui en parlent (cette précision pour ne pas laisser croire que je l’ai lu moi-même, vu mon niveau d’anglais) le terme Personal Branding, que l’on peut traduire par Marque personnelle est apparu pour la première fois en 1981 dans le livre « The Battle for your Mind », de Al Ries et Jack Trout.
Le concept repose sur l'idée d'appliquer à une personne les techniques de communication utilisées pour les marques. Si on considère que la e-réputation est la perception, l’opinion que se font d’une marque ou d’une personne les internautes, à partir des traces non forcement maitrisées (articles de journaux, blogs d'autres personnes, discussions, etc.), alors le Personal Branding en est le pendant proactif, une forme de reprise en main de sa visibilité numérique. Le challenge à relever est de faire coïncider sa marque personnelle (ce que je dis de moi), avec sa e-réputation (ce que les autres disent de moi), en rendant congruent la présentation, le parcours professionnel, les expertises avec les traces numériques qu'on trouve sur soi en tapant son nom dans un moteur de recherche ou sur un site tel que webmii.
Bien évidemment, les médias et réseaux sociaux jouent un rôle prépondérant et le Personal Branding est un travail de chaque instant. Comme le dit Jean-Christophe Anna du cabinet Conseil et Formation en Recrutement innovant Link Humans, « le marketing personnel, c’est un état d’esprit. Il faut être prêt à se mettre un peu partout sur la toile, à se dévoiler un peu en se racontant professionnellement». Propos que nuance Jacques Froissart, dirigeant-fondateur du cabinet de recrutement 2.0 Altaïde, qui estime quant à lui que « celà ne sert à rien d’aller se multiplier, il vaut mieux se concentrer sur deux-trois outils et bien le faire, plutôt que d’essayer d’être présent partout ». La situation n’est sans doute pas la même selon que vous développiez une activité commerciale sur votre nom (comme c’est mon cas) ou que vous soyez salarié ou demandeur d’emploi. L’erreur est dans ce cas ne se préoccuper de sa réputation qu’en cas de rupture d’emploi, et pas tout au long de sa vie professionnelle. Les désaffections de profils Vidéo ou Linkedln laissés en jachère en sont la démonstration flagrante ; or c’est prioritairement lorsque vous êtes en activité que vous pouvez être le plus actif sur les réseaux et engranger des traces positives. Personne, de nos jours ne peut se sentir suffisamment en sécurité dans l’emploi pour risquer de ne pas exister numériquement, à l’heure ou plus d’un recruteur sur deux[1] « googlise » les candidats et peuvent écarter ceux-ci lorsqu’ils ne peuvent recouper les informations trouvées sur le web avec le CV papier.
Cette technique ne s’adresse pas qu’aux cadres et aux professionnels du web ou du marketing : tous les secteurs d’activités sont concernés, et le fait de travailler à se produire comme une marque peut tout aussi bien concerner un ingénieur qu’un jardinier, un laborantin qu’une aide à domicile. Les CV du futur ou les eporfolio, comme celui que développe la région Lorraine ou des sites spécialisés comme DoYouBuzz procèdent de cette intention ; ils proposent à tout un chacun des outils de présentation, des pages de recommandations, des CV en ligne, un blog pour structurer son projet et mettre en avant ses compétences. Réfléchir à son image, à sa marque personnelle est en outre une bonne manière de structurer son projet professionnel, voire de préparer une Validation des Acquis de l’Expérience.
Je vous suggère dans le schéma suivant les différentes applications qui composeraient la boite à outil idéale : Centrée sur le blog (outil de publication), celle-ci comporte un outil de curation (veille partagée), un ou des réseaux (professionnel et grand public), un outil de partage (adapté à son activité) et un outil de CV en ligne, éventuellement complété par un CV vidéo.
Personnellement, j’ai réalisé le test du Personal Branding proposé par Pascale Baumeister sur son site, et je ne m’en sors pas trop mal : entre ma veille Pearltrees, ma page Facebook, mon compte Twitter, mes publications sur Slideshare, mon blog … je suis armé pour développer une image que j’espère être cohérente.
[1] Voir l’étude de Régions Job http://ressources.blogdumoderateur.com/2014/02/07_Enquete_episode4.pdf