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Encore un petit tour de manège

Encore un petit tour de manège et puis s’en va. Les vacances seront là pour de bon à la fin de la semaine prochaine, après un dernier déplacement à Poitiers, où j’accompagne des Directeurs de CFA à repenser leurs organisations pour faire face à la Réforme, et une réunion à Paris, pour officialiser la mise à l’eau de la plateforme numérique du CCCA-BTP, suite à une année d’expérimentation et l’écriture d’un guide de bonnes pratiques.

Un semestre de passé déjà pour cette année 2019, consacré pour l’essentiel, en ce qui me concerne, à proposer le numérique comme une réponse possible aux enjeux de la formation. Ah, le numérique ! entre ceux qui n’y voient que la certitude d’un chômage annoncé (la disparition du formateur, remplacé par une machine), ceux qui vitupèrent contre la baisse constante du niveau des élèves et l’abêtissement des jeunes générations liées aux smartphones, ceux qui bannissent résolument ceux-ci de leurs salles de classes en se plaignant paradoxalement du manque d’équipement, ceux qui viennent en formation sur le numérique en pensant s’inscrire à une formation en bureautique … ce semestre fut, comme les autres, épique. Au nombre des surprises rencontrées : ce centre qui me demande une formation de   trois jours sur le numérique et mets à ma disposition une salle banalisée sans ordinateur, cet autre qui me commande une formation sur la digitalisation de la formation et m’annonce le premier jour, à 30 minutes du début, que les smartphones et tablettes sont strictement interdits par le règlement intérieur (ôtez moi d‘un doute : digital c’est la même racine que « doigt » non ?), celui-là encore qui m’annoncait n’avoir aucun TBI alors que toutes les salles en sont équipées (mais non branchés faute de temps ceci explique cela !), entre les serveurs bloqués et les ordinateurs obsolètes … bref au travers de toutes ces incompréhensions et ces idées fausses, j’ai pu mesurer la distance qui nous sépare encore d’une utilisation harmonieuse et diversifiée du numérique en formation.

J’ai, bien sûr et heureusement, rencontré aussi des Directeurs 2.0, épris de management agile, faisant confiance en leurs collaborateurs et s’appuyant sur eux pour repenser leurs dispositifs à l'aune des enjeux de la formation. Ceux-ci m’ont permis de compter pour quantité négligeable les petits chefs assommants coincés dans leurs certitudes et leurs a priori, les « c’était mieux avant », comme disait le regretté Michel Serres.

J’ai aussi fait sur un, deux ou plusieurs jours selon les cas, des bouts de chemin avec des formateurs formidables, pleins d’inventivité et d’envie de proposer à leurs apprenants des situations d’apprentissage novatrices et trés originales qui leurs permettent de se réconcilier avec les études, de mettre à profit toutes leurs compétences de Digitales Natives tout en diversifiant les usages et les outils numériques. J’ai été admiratif de la manière dont ces formateurs s’emparaient des applications que je leur propose au cours de mes formations pour créer des supports captivants, ludiques, et porteurs de sens. J’ai souvent appris d’eux, des techniques, des astuces, des manières de faire, des éclairs de génie. J’ai surtout vu le regard bienveillant qu’ils portent sur leurs apprenants et l’effet de cette bienveillance sur le climat de la classe, sur l’envie d’apprendre, et sur la réussite des élèves. A l’inverse, j’ai aussi été parfois choqué, il faut le dire, du manque de considération voire du mépris que d’autres formateurs, par fatigue ou par renoncement ou à cause du choix de ce métier par défaut portent sur leurs apprenants. Comment peut-on exercer ce métier sans croire résolument et inconditionnellement à l’éducabilité des personnes à qui on s’adresse, et qui plus est de celles qui sont les plus éloignées de la réussite ? La question m’interpelle sans cesse, avec une mise en abîme constante due à ma position de formateur de formateurs… « Soit congruent » est ma maxime préférée et mon antidote au découragement.

Bref, un semestre bien rempli, au cours duquel j’ai aussi perfectionné ma maitrise technologique (avec Genial-ly par exemple, qui me ravit toujours autant), j’ai amélioré mes techniques d’animation en laissant davantage de temps aux échanges et en luttant contre ma peur du vide (moins je parle et plus ils apprennent !), j’ai découvert de nouveaux coins de France que je ne connaissais pas encore après vingt ans sur les routes, comme le canal de la Marne par exemple et le petit village de Chamarandes-Choignes où je me suis promis de revenir dans quelques années. Je n’ai par contre toujours pas réussi à combler le vide que je ressens lors de mes déplacements à l’approche d’une soirée en solitaire et à lutter contre la mélancolie qui m’étreint chaque soir passé loin de mon âme sœur. C’est pourquoi je compte bien profiter de ces quelques semaines pour tenter de rattraper le temps perdu.

Tag(s) : #Humeur
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