Élaborée dans le cadre de la Communauté des organismes de formation en Bourgogne-Franche-Comté, l’action « Portraits et autoportraits de formateurs et formatrices en Bourgogne-Franche-Comté » portée par Emfor Bourgogne-Franche-Comté a pour ambition d’accompagner le développement des pédagogies active et expérientielle au sein des pratiques des professionnels de la formation en région. Cette action bénéficie des financements du Pacte régional d’investissement dans les compétences (PRIC)
Portraits et autoportraits de formateurs et formatrices en Bourgogne Franche Comté
Chemins de praticiens
Épisode 11 - Quatre petits portraits en mosaique
Je me suis dit que cela allait vous manquer : en attendant la suite de la saga des "portraits et autoportraits.. " qui aura lieu les 5 et 6 juillet lors d'un séminaire d'écriture à Chevigny-les-Dijon (Hôtel de la Flambée) où je réunirais tous les "portraitisés" pour poursuivre l'aventure, voici quatre petits portraits que j'avais réalisés au tout début de mon périple, lors de ma rencontre avec Stéphanie Hainz. Vous vous souvenez ? l'Epide, les uniformes, le Mont Beuvray... voici donc les portraits de Sandra, Guillermo, Céline et Franck. Plus courts, mais tout aussi captivants !
Sandra
Sandra est elle-même un exemple d’évolution professionnelle. Après avoir travaillé quelques années en tant que militaire au Lycée Militaire d’Autun en exerçant plusieurs métiers (surveillante au collège, secrétaire, vaguemestre...), elle arrête quelques années pour élever ses enfants. En 2008, elle décide de reprendre le travail ; elle entend parler de l’EPIDE, elle postule pour un remplacement de quatre mois et, finalement, elle aussi y restera jusqu’à ce jour.
Tout d’abord monitrice, puis conseillère en éducation et citoyenneté, Sandra est depuis le 1er juin conseillère en insertion professionnelle. Elle est en charge d’un groupe de trente jeunes volontaires, qu’elle accompagne dans leur insertion en formation ou en emploi. Elle les reçoit en séances collectives (recherche d’emplois, inscription pôle emploi, lettre de candidature, annonces d’emplois, …) mais aussi en individuel pour travailler leurs motivations, les aider à trouver ce qu’ils aimeraient faire. Elle utilise notamment la plateforme d’insertion, l’ADVP, des jeux, des lunettes 3D pour faire découvrir les métiers… Elle peut aussi les accompagner à l’extérieur, les emmener à Pôle emploi ou en stage car « en général, les entreprises aiment bien que le centre soit présent lors des entretiens ».
Elle doit s’adapter à tous les publics : ceux qui ont des difficultés cognitives, ceux qui des difficultés sociales ou des problèmes de comportements, mais aussi ceux qui ont juste besoin d’un petit coup de pouce parce qu’ils n’osent pas se lancer. Elle évoque notamment ce jeune qui voulait devenir gendarme, mais à qui il manquait la culture générale : au final, il a fait un stage dans l’automobile, puis se découvre un intérêt pour ce secteur et devient carrossier. Certaines réussites lui font réellement plaisir : avoir placé une jeune fille en tant que photographe à l’Elysée, et la voir devenir ensuite photographe de cinéma ; « On est parfois la bouée de sauvetage » dit-elle. Ceux qui donnent des nouvelles ou qui reviennent après avoir quitté l’EPIDE sont également pour elle des preuves de réussite. Elle illustre son propos par l’exemple d’une jeune volontaire qui n’a pas adhéré au dispositif, qui est partie d’elle-même, mais qui dit aujourd’hui encore se souvenir des conseils reçus. Un autre exemple : cette autre jeune qui n’a pas réussi à devenir maitre-chien mais qui a toutefois trouvé un emploi quelques jours après sa sortie et y est toujours. En définitive, les jeunes volontaires ne partent jamais de l’EPIDE sans rien avoir acquis. « On sait pourquoi on se lève le matin », conclue-t-elle.
Guillermo
Guillermo est un formateur motivé : chaque jour, il part de Dijon en train à 6 heures du matin, puis il se rend de la gare d’ETANG-SUR-ARROUX à l’EPIDE en trottinette.
Comme on peut le soupçonner à son léger accent, Guillermo est d’origine mexicaine. Ingénieur en informatique, titulaire d’un Master en production 3D, à 22 ans il commence à donner des cours dans son université au Mexique puis est nommé responsable pédagogique. Il arrive en France en 2004, pour faire un doctorat en informatique, qu’il obtient avec brio, sur le thème «des moteurs de recherches dans le web sémantique». Il poursuit ensuite son chemin dans le monde professionnel de la formation, « entre l’apprentissage de la langue et l’informatique », au sein de différentes structures (Université de Bourgogne, Sciences-Po, école de commerce de Dijon), ainsi que dans une association de quartier à Dijon, et une entreprise de formation linguistique.
Lassé des emplois morcelés, il cherche un poste stable et souhaite cumuler les deux facettes de ses compétences, la pédagogie et l’informatique. C’est ainsi qu’il arrive à l’EPIDE en juin 2022, avec une double casquette comme technicien support informatique, pour assumer la gestion des serveurs et la gestion du parc informatique, et comme formateur. Sur cette fonction, il prépare les volontaires à la certification PIX ; Il commence tout d’abord à tester les volontaires sur leurs maitrises de l’usage des ordinateurs et de la bureautique, puis il suit les progressions pédagogiques sur le PIX en les accompagnant en sous-groupe, par séance d’une heure une fois par semaine, ou plus en fonction des besoins individuels. La formation est totalement individualisée et c’est lui qui « apporte les contenus ». Il est possible par exemple, de travailler en même temps la production d’un CV ou sa lettre de motivation et la partie informatique qui va de pair.
Guillermo accompagnera également les groupes à partir de janvier sur le « Fablab » d’ Autun, pour permettre aux volontaires de découvrir les outils de construction et de production (impression 3D, impression sur objets, machines…) ; il sera également en charge dans les semaines à venir de la mise en place d’un « Fab-média » en interne qui permettra la création des vidéos et des audios de manière professionnelle, afin d’alimenter notamment les réseaux sociaux de l’EPIDE.
Guillermo aime la diversité et à l’EPIDE, dit-il, « il n’y a pas une journée pareille et ça me plait ! » ; L’ambiance de travail joue aussi dans le plaisir qu’il ressent : « ici, on n’est pas un chiffre de plus, on se connait tous ».
Le soir, il reprend sa trottinette, puis le train et il rentre chez lui à Dijon auprès de sa famille qui l’a suivi du Mexique.
Céline
Céline est à l’EPIDE depuis à peine deux mois, et on perçoit dès les premiers mots échangés le plaisir qu’elle ressent à occuper ce poste, qu’elle a choisi en connaissance de cause.
Après des études de droit qui l’ont conduit à être quelques années clerc de notaire, Céline fait un bilan de compétences à l’occasion d’un déménagement. L’enseignement et le social apparaissent en dominante, pour elle qui, en tant que clerc de notaire, accueillait déjà beaucoup de stagiaires qu’on lui confiait car elle avait « une manière très pédagogique d’expliquer les choses ».
Partage, transmission, échanges … sont des valeurs qui l’animent. Elle reprend donc ses études pour un master de l’enseignement à Besançon, puis prend un poste d’enseignement contractuel dans une école à ETANG-SUR-ARROUX. Elle échoue toutefois à l’oral du concours de professeur des écoles, sans doute parce qu’elle « n’avait pas les mots que le jury attendait ; je n’avais pas fait le cursus classique donc je n’avais pas les codes ! ». Elle tombe alors sur une annonce de mandataire judiciaire à la protection de majeurs qui lui correspondait bien car alliant le coté juridique et le côté social et l’accompagnement. Elle occupera ce poste durant trois ans, mais l’accompagnement dans les apprentissages lui manque ! Elle entend alors parler d’un poste vacant de formatrice à l’EPIDE et la voici donc maintenant formatrice de français, mathématiques et culture générale.
Nous n’avons pas eu assez de temps pour échanger avec Céline sur ses pratiques. J’aurais bien aimé qu’elle me parle davantage de ses ateliers de discussion sur l’expression orale qu’elle mène avec l’écriture d’autoportraits : je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûr que cela m’aurait beaucoup intéressé !
Franck
Issu du monde sportif, Franck a été cyclisme de haut niveau durant quinze ans. Il poursuit ensuite son chemin dans la vie active en tant assistant d’éducation au lycée d’ETANG-SUR-ARROUX ainsi qu’au lycée militaire d’Autun et a également été réserviste. En 2017, il postule à l’EPIDE, où il restera moniteur durant cinq ans avant de devenir, il y a sept mois, Conseiller Education et Citoyenneté.
Il gère un « portefeuille » de quinze volontaires, dont il est le référent. Il accompagne les volontaires en individuel, et il dispense également des cours collectifs sur la citoyenneté, qui comprennent notamment la discrimination, l’écologie et l’environnement, les symboles, les droits et les devoirs, le devoir de mémoire ; « on échange avec eux pour leur permettre d’acquérir des connaissances et aussi de diminuer les freins à l’emploi, en travaillant sur la gestion des émotions, les attitudes à adopter dans la société, etc. ».
Lui aussi aime ce travail qui correspond à ses valeurs. De son point de vue, les raisons du succès du l’EPIDE est avant tout que le jeune est volontaire, mais aussi que l’offre est diversifiée et cohérente « on aide le jeune à s’investir dans son projet, et ensuite on travaille « au corps à corps » avec lui pour lever les freins. Toute l’équipe est réunie autour d’un seul but : faire réussir le jeune ».