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 Je me garderais bien de tenter une synthèse du colloque « Territoires, développement et formation » organisé  les 6 et 7 décembre à Dijon par l'Institut Jacotot; d’abord parce que je n’ai assisté qu’à une seule journée, et ensuite parce que je ne suis pas sûr d’avoir identifié clairement les pistes d’actions que je peux concrètement en tirer pour moi et pour ma structure.  Non pas parce que les échanges et apports n’étaient pas intéressants mais plutôt parce que, finalement, la problématique des liens entre territoires, développement et formation ressemblait encore à l’introuvable relation formation emploi que dénonçait Lucie Tanguy en 1986. Le chemin à parcourir est encore long pour mettre la formation au service des territoires, d’autant plus que, comme le soulignait Jean Besançon en relatant l’expérience des foyers ruraux,  la formation est loin d’être la première demande des citoyens lorsqu’on leur pose la question de ce qu’il est bon de faire pour développer leur territoire. Ce qu’ils réclament avant tout c’est de pouvoir participer, s’exprimer, donner leur avis, au risque de tomber dans la défense des intérêts individuels, mais avec la chance de créer ces « lieux de disputes » indispensables à la démocratie.

Je m’arrêterais juste sur une intervention assez éclairante de Jean Pierre Cardi, ancien proviseur de lycée agricole et actuellement animateur, puisqu’il récuse le terme de président, du conseil local de développement de ce qu’il nomme un « pays banal » de Bourgogne, c'est-à-dire un pays  sans phare culturel attractif et où, de ce fait, tout est à inventer pour augmenter l’attractivité. La banalité étant selon lui une chance et un atout plutôt qu’un handicap.

Mis en place par Dominique Voynet lors de la création des Pays, les conseils locaux de développement sont des instances de concertation ouvertes dans lesquelles l’animateur, c’est en tous cas comme cela que Jean Pierre Cardi pense ce rôle, rend possible les échanges et évite que l’un ou l’autre prenne le pouvoir. Elles sont donc des instances où les participants peuvent « se disputer sur ce qu’il est bon ou pas de faire sur leur territoire » et qui restaure ainsi le pouvoir d’agir. Jean Pierre Cardi nous alerte sur quelques risques à éviter, qui sont aussi les maux de notre société : le piège de la photocopieuse (refaire ce qui a déjà été fait), l’exigence du temps rapide, la peur de l’inconnu et de se tromper, la rigidité des systèmes, le coût et enfin ce qu’il nomme, citant Bourdieu, le racisme de l’intelligence. Arguant de la conviction que l’on peut produire de la connaissance par et pour l’action, il plaide en faveur de l’injection de la Recherche sur les territoires, soulignant à ce propos la nécessité de traducteurs pour que les deux mondes se comprennent. L’intelligence, comme le dit Piaget, ce n’est pas ce que l’on sait mais ce que l’on fait lorsqu’on ne sait pas.

Finalement, à l’écoute de ce témoignage, les participants de cette table ronde en ont déduit que son titre n’était pas bon, suggérant de remplacer « gestion territorialisée des compétences » par « invention territorialisée de l’intelligence ». Séduisant changement sémantique, merveilleux programme d’avenir mais, convenons en, pas  très opérationnel.  Si l’utopie progresse, le lien formation emploi n’est pas encore pour aujourd’hui …

 

Tag(s) : #Innovation
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