Ainsi donc, l’Etat aura renoncé à toucher aux réductions fiscales liées aux services à la personne. C’est bien le moins, alors qu’il annonçait ne pas vouloir toucher, ni aux mesures créatrices d’emplois, ni aux aides bénéficiant aux personnes fragiles, que d’épargner le secteur, qui, justement, s’adresse concomitamment à ces deux publics. C’est d’ailleurs, d’un point de vue purement sociétal, particulièrement intéressant de constater que ces fragilités se répondent pour trouver un plus juste équilibre entre demandes des uns et attentes des autres.
Cependant, la nécessaire vigilance des acteurs de la société civile pour défendre ce secteur et maintenir coûte que coûte l’intervention de l’Etat, en montre aussi la fragilité ; ce secteur économique peine à exister comme tel, en dépit des sommes engagées chaque année de part et d’autre. Les explications ne manquent pas : manque de ressources des personnes fragiles, attractivité des structures collectives pour la garde d’enfants, difficulté à solvabiliser l’offre de confort… mais également manque d’attrait pour des emplois jugés précaires, peu rémunérateurs et socialement peu gratifiants.
L’une des explications tient aussi à la professionnalisation des acteurs qui, on ne peut le nier, reste modeste en terme de résultats. Tout secteur économique doit pouvoir mettre en avant une offre de formation et de qualification lisible, connue et reconnue par les acteurs et les bénéficiaires, de manière à répondre aux aspirations professionnelles des premiers et à rassurer les seconds sur la qualité du service. Or le morcellement du secteur, en fonction de la nature de la prise en charge (mandataire, prestataire, emploi direct) nuit à cette lisibilité et empêche les professionnels concernés de se reconnaitre dans une identité partagée. Incontestablement, des efforts sont à faire afin de mieux comprendre les besoins des uns et des autres, harmoniser les offres de formation, les présenter de manière compréhensible par tous et enlever ainsi doute et suspicion sur le caractère professionnel et durable de ces emplois souvent polymorphes : sur le terrain, les acteurs n’ont que faire des querelles de chapelle !
C’est un sujet sur lequel j’ai apporté ma contribution et mon énergie ces dernières années, ce que je continuerais de faire, en toute liberté, dans les mois à venir.