L’Unesco vient de publier un référentiel TIC pour les enseignants, essentiellement ceux des premier et second degrés, dont l’objectif est d’apporter un soutien aux pays pour l’élaboration de politiques et de normes nationales, concernant les compétences des enseignants dans le domaine des TIC. Cette nouvelle version, comme la précédente qui date de 2008, est le résultat d’une collaboration entre l’UNESCO et ses partenaires industriels (CISCO, Intel, ISTE, Microsoft) ainsi que des spécialistes mondiaux de l’éducation. Nous noterons au passage, et sans en tirer de conclusion, l’absence de Français dans le comité d’experts.
Constatant les défis qui se posent aux pays du monde entier en raison de l’expansion rapide des technologies et des investissements financiers qu’elles impliquent, l’Unesco pointe la carence de la formation des enseignants pour exploiter toute la puissance des TIC et l’urgence d’y répondre par une politique de formation incitative.
Ce référentiel est articulé autour de trois approches de l’enseignement, qui correspondent à trois étapes successives de la formation d’un enseignant. Dans la première approche, appelée Alphabétisation technologique, les élèves utilisent les TIC en vue d’un apprentissage plus efficace. Dans la seconde approche, nommée Approfondissement des connaissances, les élèves acquièrent des connaissances approfondies dans les disciplines qu’ils étudient à l’école et les appliquent à résoudre des problèmes complexes et concrets. Dans la troisième approche, nommée Création de connaissances, les élèves, citoyens et acteurs futurs de l’économie, créent les nouveaux savoirs indispensables pour bâtir des sociétés plus harmonieuses, enrichissantes et prospères.
Les auteurs ayant opté pour une approche matricielle, les trois niveaux précédemment cités sont croisés avec les six aspects qui composent l’activité enseignant, à savoir la compréhension de la place des TIC dans l’éducation ; le lien entre les TIC, les programmes et l'évaluation ; la pédagogie ; la maitrise des TIC ; l’organisation et l’administration des enseignements ; la formation professionnelle des enseignants. On obtient ainsi une matrice composé de 18 modules, chaque module identifiant les objectifs visés et les compétences des enseignants. Le guide propose ensuite des exemples de cours possibles, en détaillant les tâches à accomplir, leur fréquence, importance et difficulté ; l’élément déclencheur ; les prérequis ; les obstacles ; les erreurs courantes; les outils; les bonnes pratiques et enfin les modes d’animation possibles et les modalités d’évaluation et de certification.
Je trouve pour ma part ce guide assez bien fait. J’aime en particulier le caractère progressif de l’utilisation des TIC dans l’enseignement, qui n’est pas sans rappeler ce que j’avais, avec d’autres, préconisé en son temps avec l’outil COMPETICE pour les Universités françaises. Je trouve également intéressant de ne pas s’être limité aux aspects pédagogiques ou technologiques, et de n’avoir pas sous-estimé les aspects organisationnels.
Voici un exemple de cette progression :
Niveau alphabétisation technologique :
L’enseignant utilise le parc d’ordinateurs portables de l’école, ce qui permet à chaque élève de s’exercer individuellement au traitement de texte. Il organise les cours de façon que les élèves sachent exactement ce qu’ils ont à faire au deuxième cours, sans nécessiter de questions ou de discussion. Les élèves peuvent ainsi exploiter au maximum les ordinateurs portables mis à leur disposition pendant ce cours. L’enseignant utilise le réseau informatique de l’école pour enregistrer les notes de ses élèves sur un fichier central. Ce fichier est également accessible aux autres enseignants et à l’administration scolaire.
Niveau approfondissement des connaissances :
Le professeur d’EP ne dispose que de son propre ordinateur portable et d’un projecteur pendant le cours de gymnastique pour visionner des séquences vidéo. Mais il peut demander à des élèves de filmer des séquences vidéos pendant le cours, repasser les séquences sur l’écran du caméscope et sur l’écran de l’ordinateur, et organiser les activités d’EP de telle sorte que tous les élèves puissent visionner un extrait de leur propre prestation au moins une fois à chaque cours, ou enregistrer chaque semaine les résultats de leur activité physique.
Niveau création de connaissances :
Le professeur utilise son ordinateur portable pour contrôler les données saisies par les élèves sur leur feuille de calcul collaboratif et pour publier sur le site du réseau social des messages d’encouragement et des informations complémentaires sur les programmes d’exercice physique. Le professeur crée des environnements sur le système de gestion d’apprentissage de l’école (réseau informatique de l’école) pour permettre aux élèves de stocker, partager et développer leur travail en collaboration, par exemple des espaces dédiés à des fichiers partagés, des wikis ou des forums de discussion.
Reste à diffuser ce document et à souhaiter qu’il irrigue les politiques nationales. A cet égard, un croisement avec le C2I2E (certificat informatique et internet niveau 2 enseignant) serait sans doute pertinent.
Pour télécharger le référentiel, cliquer ici