Tout arrive à qui sait attendre : le Ministère de la Culture et de la Communication vient de publier sur son site un intéressant petit guide, qui se veut évolutif, sur l’usage des réseaux sociaux dans les institutions culturelles. Signe des temps, ce guide est édité sous différents formats, y compris mobiles, et est publié sous la licence Créative Commons « Attribution pas d’utilisation Commerciale, partage dans les mêmes conditions ». Remarquons au passage que l’État se met de plus en plus aux licences Créative Commons, ce qui devrait tout de même inciter certains acteurs privés, encore réticents, à s’y mettre !
Rien de révolutionnaire dans ce guide, qui reprend les grandes thématiques que l’on retrouve dans la plupart des formations sur le sujet, mais son caractère très pédagogique en fait un outil pertinent. Bien qu’il s’adresse avant tout aux institutions culturelles, les recommandations proposées peuvent en effet être appliquées dans d’autres contextes, notamment éducatifs. Comme le rappellent les auteurs de ce guide, être présent sur les réseaux sociaux est, pour une institution « une occasion de réaffirmer ses valeurs et sa singularité, tout en montrant une volonté de dialogue et de rapprochement avec ses usagers, en utilisant les outils d’expression qu’ils utilisent par ailleurs »
Mais encore faut-il bien comprendre que le web social consiste à « offrir au public la possibilité de consulter du contenu, mais aussi d’être actif par rapport à ce contenu. Il faut lui donner la parole, lui répondre, mais aussi lui donner l’occasion de créer, de modifier, d’interagir ». Et oui, fini l’information descendante, les internautes veulent par-ti-ci-per !
Vient ensuite une cartographie des réseaux sociaux, qui ne boude pas les réseaux généralistes de type Facebook, ce qui est assez notable pour être souligné. Les auteurs les distinguent des réseaux privés sur l’intention, les réseaux personnels étant selon eux davantage tournés vers le passé immédiat (j’ai fait), les réseaux privés davantage tournés vers le futur (je peux, je pourrais faire). Mais ils montrent aussi la porosité de ces deux réseaux, rappelant notamment que les entreprises ont « investit largement ce terrain, transformant les plateformes de cercles fermés en outils de communication pour les structures et de veille pour les utilisateurs ». Plus intéressant, à mon sens, est l’invitation à articuler l’écriture sur plusieurs réseaux pour ne pas toucher que les usagers grand public en bout de chaine mais aussi les usagers experts : autrement dit, publier du contenu « riche » sur des forums spécialisés ou des blogs, puis relayer l’information sur les réseaux généralistes. C’est un peu, toute proportion gardée, ce que je fais pour ma part avec mon blog où je publie du contenu riche que je relaie ensuite sur ma page Facebook et sur Twitter, où je publie aussi de l’information plus immédiate, factuelle, voire anecdotique.
Le guide se poursuit avec des conseils stratégiques, ainsi que des conseils d’écriture sur le web : penser aux mots clés, privilégier les phrases courtes et les termes concrets, préférer le présent au passé, etc. L’importance du choix des horaires de publication est aussi souligné : les messages du matin étant plutôt lus sur le smartphone dans les transports en commun, il vaut mieux privilégier les informations courtes et garder les articles plus longs pour la fin de journée voire la soirée où les internautes seraient plutôt sur leur tablette. Prise de position qui ne me parait pas dénuée d’un point de vue un peu ethnocentré « parisien branché » mais nul n’est parfait ! Je note au passage avec gourmandise que le Ministère entérine le fait que les internautes consultent aussi les réseaux sociaux sur leurs lieux de travail, ce qui est un autre signe des temps.
Viennent enfin des règles de conduite assez pertinentes (transparence, authenticité, protection des données …), des pistes d’action et un glossaire, que je vous laisse découvrir… bref, un guide qui m’a bien plu et que je vous recommande.