Je voudrais ici vous recommander le blog du master e-formation de l'université de Rennes 1 ... c'est très bien fait, riche en informations et
en vidéos, interactif ... et surtout congruent entre l'objet (la e-formation) et la forme (le blog). Les étudiants et les enseignants sont fortement impliqués dans la production de ce
blog, et apprennent en faisant et en coopérant; on en vient à ne plus savoir qui est apprenant et qui est enseignant (le rêve, quoi ! ). Celà ressemble à la réalisation d'une douce utopie autant
portée par Bertrand Schwartz (qui évoquait la double piste), par Philippe Meirieu (qui parlait quant à lui de congruence pédagogique) et par les doux réveurs des pédagogies alternatives (de
Jacotot à Freinet, en passant par Illicht ...)
http://blog.univ-rennes1.fr/master-eformation/index.php/
Je salue tout particulièrement la pugnacité d'Adrien Ferro, ex. collègue du temps d'Algora qui poursuit avec brio le chemin qu'il a
commencé à tracer il y déjà plusieurs années, et qui semble visiblement s'amuser à prouver ainsi que ce que d'aucuns considéraient comme une chimère est devenu réalité.
C'est presque trop beau pour être vrai ! En ce qui me concerne, mes avancées concrètes sur le sujet sont bien modestes. Bien sûr, je me rassure en me disant que depuis deux ans que je travaille
pour l'Institut fepem (IFEF), j'ai permis, avec d'autres, le développement de la FOAD, avec une cible (les salariés du particulier employeur), a priori peu évidente. Nous pouvons
être fiers d'avoir produit prés de cent-vingt ressources interactives (avec les outils de la socéité e-docéo - e.learning maker notamment) et d'avoir mis à disposition des modules
d'une vingtaine d'heures tout à distance, qui rencontrent aujourd'hui un public qui en semble ravi !
Mais du côté de l'apprentissage coopératif, c'est une autre paire de manches ! Vaincre la frilosité de la mise à disposition de ses ressources, de son réseau, de ses atouts
et de ses manques est loin d'être évident, pour l'ensemble des acteurs ; la mutualisation est vécue par beaucoup comme un risque, un dépouillement, alors que cette ouverture est au
contraire une force, une preuve de maturité ...
Cette difficulté va de pair avec la méconnaissance (encore) des technologies de la communication et de l'Internet ... A quoi sert un blog par exemple ou un wiki : à communiquer,
à faire de la com, à produire ensemble, à échanger des points de vue, à s'autoformer ? Que vaut la parole de celui qui s'exprime sur un blog ? Quel risques y-a-t-il à ouvrir des espaces de
dialogue, d'échange avec, bien sûr, la possibilité que celui qui s'exprime (horreur !) ne soit pas d'accord avec vous ? Pourquoi ne pas se contenter des "bons vieux mails" (remarquons
que cette phrase est en soi extraordinaire, lorsque l'on pense aux quelques petites années qu'il aura fallu pour que les mails deviennent un outil indispensable dans l'entreprise !) et
chercher à utiliser des outils tels que les wikis (dont rien que le nom peut être vécu comme volonté d'opacité et de sectarisme) ?
Le travail d'évangélisation est loin d'être terminé et toutes les organisations (économiques, industrielles, pédagogiques ...) ne sont pas aussi réceptives et lucides sur ce qu'apportent le
web 2.0 dans la monde du travail comme dans celui de la formation. Les modèles d'organisation ont la vie dure, et les poussées de modernisation alternent parfois avec des phases de
régression. C'est parfois décourageant et c'est pourquoi nous avons besoin d'exemples concrets comme celui que je vous recommande, une fois encore, pour continuer d'y croire.
Tiens, le temps se lève, je crois que je vais aller à la pèche ...